Histoire et valeurs
Jack Passe, fort du succès de La Course de Pneu qu’il a créée 10 ans plus tôt, voulait mettre en place un événement qui célèbre le monde sous-marin et permette de sensibiliser les jeunes aux merveilles du lagon.
Sa rencontre avec Daniel Mercier, fondateur du Festival Mondial de l’Image Sous-Marine (FMISM) d’Antibes, a été déterminante.
Le FMISM, créé en 1975, est déjà un événement international majeur et Daniel Mercier a eu le génie de mettre en place une sorte de franchise qui permet à des festivals d’éclore partout dans le monde en projetant des films primés au FMISM.
Jack adopte la formule et commence ainsi en recevant des films de métropole. Il reprend également à son compte l’idée forte du concours de dessin. La première année il propose 7 séances au CMAC de Mamoudzou, 1 séance à Koropa, une tournée en brousse, le concours de dessin, auxquels il ajoute une exposition de coquillages et le tour de force d’offrir 110 baptêmes de plongée délivrés à la piscine de Koropa !
En 1998, on projette les premières productions vidéo locales : Fundi Requin (production FR3), Ali Mari et les Tortues et Chilindrini (produite par l’association Tousport à travers laquelle Jack organise le festival). L’affiche est toujours celle du FMISM, à laquelle on adjoint un bandeau pour caractériser l’étape mahoraise.
L’année suivante apparaît la première affiche originale illustrée par un dessin d’un jeune mahorais.
En 2000, première consécration nationale : des dessins issus du concours de Mayotte et des productions vidéo locales sont primés au FMISM à Antibes. Les années suivantes, Jack va s’ingénier à multiplier et à diversifier les lieux de projection (notamment pour les scolaires).
2002 se singularise par la première participation de Bernard Abeille, Sa générosité et sa contrebasse vont devenir, année après année, un sujet d’émerveillement pour des milliers d’enfants à qui il fera découvrir le chant des baleines.
En 2004 le concours de dessin comptabilise 300 participants, un concours Diaporama confirme la présence des photographes aux côtés des vidéastes. Jack diffuse 300 affiches pour annoncer l’événement et fait réaliser 250 T-shirts promotionnels qu’il distribue gratuitement aux plus méritants.
Le festival est alors devenu un rendez-vous incontournable du calendrier culturel de Mayotte, une fête de l’image sous-marine. Les projections gratuites pour les scolaires et le concours de dessin font partie intégrante de l’identité du festival, voire même plus, de sa mission sociale !
Chaque année des invités métropolitains, reconnus ou célèbres, viennent apporter un plus à l’événement.
2005 marque la première édition utilisant le cinéma Alpajoe qui, avec ses 300 places, offre désormais un confort moderne aux spectateurs.
Les années qui vont suivre seront marquées par une réussite et un succès sans cesse renouvelés. Des bénévoles engagés tels que Marc Allaria ou Astrid Cussi viendront épauler Jack, déjà secondé par sa belle-fille Carole Kingué Lobé Passe et quelques-uns de ses amis.
En 2008, Jack confie l’organisation de la Course de Pneu, devenue un énorme rendez-vous populaire, à l’Agence Angalia, dirigée par Laurent Mounier. On verra plus loin que cette passation est importante.
Chaque année Jack se rend en métropole pour participer au FMISM, tout d’abord à Antibes puis à Marseille où le festival mondial se délocalise.
En 2010, création du Parc naturel Marin de Mayotte, Jack fait partie du conseil de gestion et le Parc devient rapidement le partenaire principal du festival.
Après 2010, certains événements vont contraindre le Festival de l’Image Sous-Marine de Mayotte à s’adapter à une nouvelle donne.
Le Festival Mondial de l’Image Sous-Marine ne survit pas longtemps à sa délocalisation à Marseille et s’arrête, vite remplacé par le festival Galathéa à Hyères (première édition en 2015). Jack doit reconsidérer son approvisionnement en films internationaux et recréer avec l’équipe de Galathéa un partenariat qui lui assure une programmation de qualité.
En 2016, le cinéma Alpajoe ferme ses portes et Jack se tourne, pour l’édition de 2017, vers la mairie de Mamoudzou, qui lui octroie l’esplanade de la place du marché pour les projections au grand public. Le comité du tourisme offre ses locaux pour exposer les meilleurs dessins du concours.
Jack confie alors cette nouvelle organisation logistique à Laurent Mounier, conservant le rôle artistique (présence annuelle à Galathéa, relations avec les photographes, les réalisateurs, les invités extérieurs et gestion des concours).
En 2018, Bernard Abeille, qui peut s’enorgueillir de 15 participations au festival, seconde activement Jack, fatigué et souffrant. On lui diagnostiquera un cancer à la fin de l’année.
Les deux années suivantes, malgré les soins et la fatigue, Jack s’investit complètement dans l’organisation du festival avec l’aide de l’équipe d’Angalia.
Le festival 2020, le dernier qui porte sa « patte », se déroule sans lui. Il décède deux mois plus tard.
2021 est une année blanche pour tous les événements publiques de la planète et le Festival de l’Image Sous-Marine de Mayotte n’échappe pas à la règle. Cela aurait dû clore l’aventure. Rares sont les festivals qui survivent à la disparition de leur fondateur.
Comme Jack Passe, Laurent Mounier n’est pas homme à s’abandonner à la fatalité. Il fait partie de ces entrepreneurs qui considèrent que leur rôle dans une communauté ne se limite pas à fournir de l’emploi et à créer des richesses.
L’aventure de la Course de Pneu lui procure un très grand plaisir malgré des contraintes de plus en plus lourdes. Il décide donc de ne pas abandonner le festival et fait appel à Julien Collet, l’un des fils de Jack Passe résidant en métropole, photographe et journaliste de la presse plongée, auteur de livres sur le snorkeling et la chasse sous-marine, pour assurer la programmation et les relations avec Galathéa.
L’édition 2022 est un défi. Laurent et Julien savent qu’il faut que le festival soit à la hauteur pour ne pas décevoir le public. L’équipe d’Angalia s’investit sans compter. Claire Betoux, free-lance, gère à la fois les inscriptions et les projections scolaires, Astrid Cussi est au rendez-vous et Gabriel Barathieu, photographe sous-marin mahorais de talent, prête son concours. C’est finalement une réussite.
2023 est un rendez-vous crucial. Il faut confirmer. Il faut également s’approprier le festival, modifier par petites touches (sans rien révolutionner) et continuer à s’adapter au présent (parfois difficile à Mayotte) !
Le festival devient International (cela fait plusieurs éditions que les participations étrangères sont présentes, désormais nombreuses), les catégories Diaporama et Musique sont abandonnées, le concours Clubs de Mayotte est mis en place, beaucoup plus de prix sont attribués, un prix Jack Passe récompense désormais le meilleur dessin de l’année, un nouveau logo est créé, etc.
Consécration, l’une des photos primées fait la couverture de Subaqua et toute la presse spécialisée métropolitaine annonce et rend compte du festival.
Et tout cela sans concession avec les valeurs transmises par Jack : près de 1700 élèves ont assisté aux projections gratuites, plus de 500 dessins ont été réalisés et le festival a organisé une journée avec un baptême de plongée en mer pour les 30 meilleurs dessinateurs !
Aujourd’hui, le Festival International de l’Image Sous-Marine de Mayotte défend toujours les valeurs chères à son créateur.
Sensibiliser le plus large public à la richesse et la beauté du monde sous-marin, pour susciter une prise de conscience sur l’urgente nécessité de la préservation de l’environnement marin et plus particulièrement la protection du lagon de Mayotte.
Proposer au public mahorais le meilleur de la production francophone et surtout proposer gratuitement au plus grand nombre d’enfants des contenus adaptés de qualité et valoriser au maximum leurs productions et leurs réalisations.
Enfin, militer activement et participer à ce que des enfants de tous les milieux puissent découvrir les merveilles du lagon en palmes, masque et tuba comme en plongée sous-marine.